HISTOIRE DES ILES GLÉNAN

 

De la préhistoire, aux moines de Saint Gildas

Le repaire des pirates

Pêcheurs goémoniers et paysans

Le Centre Nautique des Glénans et le Centre International de Plongée

L'origine du mot "Glénan"

 

De la préhistoire aux moines de Saint Gildas

C'est grâce à la découverte d'amphores datant de l'époque gallo-romaine qu'on a des preuves de l'occupation primitive des îles. Au Loch, des sépultures en forme de coffre de pierre comme on en rencontre en Angleterre, ainsi que deux dolmens à Saint Nicolas, donnent quelques indications sur les époques de fréquentation des Glénan, car aucune chronique n'a évoqué celle-ci; et comme ces vestiges n'étaient pas la préoccupation des pêcheurs, goémoniers ou pirates qui leur succédèrent, il ne reste que peu d'indices sur ces époques.

De nombreuse légendes subsistent cependant comme celle de la Groac'h, la belle sorcière habitant sur l'île du Loch. Elle est immensément riche car depuis des temps immémoriaux, elle ajoute à son trésor la cargaison des navires naufragés. Les murs de son palais sont tendus des plus belles tapisseries, sa vaisselle est d'or et ses coffres débordent de joyaux. Elle séduit de jeunes hommes puis, au lendemain de la première nuit, les transforme en poisson, ou en grenouille, selon son caprice. Un jour, un jeune homme du Léon était venu essayer de faire fortune au sud, laissant sa fiancée à Lannilis. Mais celle-ci, prudente, lui avait confié la clochette magique de saint Kolédoc qui prévinet les mais en cas de danger. Lorsque celui-ci cédant à La Groac'h, se transforma en grenouille, la fameuse clochette prévint sa femme, Bellah, qui vint au Loch déguisée en homme. La sorcière, séduite par cet élégant jeune voyageur, lui proposa, comme à son habitude, le mariage. Bellah lui réclama de pouvoir pêcher d'abord dans l'étang avec son filet. Sans se méfier, la sorcière le lui confia et Bellah le jeta aussitôt sur elle et l'y enferma. La sorcière se changea aussitôt en hideux crapaud que Bellah se dépêcha de noyer, puis libéra tous les poissons et les crapauds de l'étang et retrouva son fiancé.

Ce qui est sûr en revanche, c'est que des moines évangélisateurs venus de Grand-Bretagne, ont évangélisé les îles de la côte sud de la Bretagne. L'apôtre des Glénan serait sans doute saint Tudy, fondateur du monastère de Loctudy, lui-même dépendant de celle de Saint Gildas de Rhuys. Les moines de cette abbaye, très influente en Bretagne à l'époque, en revendique la propriété depuis l'an 399. Elles leurs auraient été données par le roi Gradlon.

 

Le repaire des pirates

A la fin du 17ième siècle, les îles ne sont occupées que par quelques fermiers et pêcheurs. Mais les visiteurs de toutes nationalités sont nombreux, car l'archipel est devenu le repère préféré des pirates anglais, espagnols ou hollandais, qui ont là un refuge formidable car il constitue un abri contre le mauvais temps, la possibilité d'entretenir leurs bateaux, de laisser à terre malades, blessés et prisonniers, le ravitaillement en eau (à l'époque il y a des puits sur St Nicolas et Penfret). Ils échangeaient aux pêcheurs du ravitaillement contre leur protection.

Finalement, en 1756, une garnison de 80 hommes est envoyée sur St Nicolas et la construction d'un fort est entreprise sur l'île Cigogne. Le meilleur mouillage de l'archipel, La Chambre, est dès lors interdit aux corsaires. Mais les canons de Fort Cigogne ne portent pas jusqu'à Penfret et les Anglais ne vont pas se priver de s'y établir. Leurs bateaux, par contre, sont obligés de prendre la mer quand le vent forci, les mouillages de Penfret étant mal abrités et de médiocre tenue. Pendant des années, la garnison de Fort Cigogne n'ira pas inquiéter ses voisins anglais, en échange de quoi les frégates anglaises laissent passer les chaloupes de ravitaillement françaises.

Au rythme des traités de paix et des déclarations de guerre, le fort sera désarmé puis réoccupé plusieurs fois. En 1838, le phare de Penfret est construit avec à sa base un fortin qui permettra, un peu tard, de compléter la défense de l'archipel.

 

Pêcheurs goémoniers et paysans

Pendant un siècle, à partir de 1835, les Glénan connaissent une intense activité et la population permanente la plus importante de leur histoire. Cette population atteindra son maximum vers 1870, avec plus de 70 habitants, sans compter les pêcheurs saisonniers qui “cabanent” en été sur les îles.

Il y a des fermiers sur Saint Nicolas, le Loc’h, Penfret, Drénec et Quignénec, des gardiens de phare à Penfret et aux Moutons, des guetteurs au sémaphore de Penfret, des pêcheurs sur Saint Nicolas et par intermittence sur Cigogne. Pendant une quinzaine d’années, il y a même un recteur dans la chapelle de Notre-Dame-des-Iles sur l’île du Loch. A vrai dire cette chapelle n’est qu’une grosse cabane de planche et de toile goudronnée et elle finira par être détruite par la tempête en 1883. Mais avant çà, le recteur y vit, la messe est dite tous les dimanches et un pardon a lieu tous les ans à la Fête-Dieu.

Les fermiers cultivent le blé, l’orge, le choux et la pomme de terre, élèvent des vaches et des porcs, entretiennent potagers et basses cours. Mais tout ceci ne suffit pas a faire vivre leur famille. Ils sont aussi pêcheurs et géomoniers, en particulier sur les îles les plus pauvres : Drénec et Quignénec.

Peu à peu cette population permanente va se réduire. L’archipel ne comptera plus que 24 habitants en 1946, 16 en 1962, 3 en 1975 et 1 en 1985.

 

Le centre nautique des Glénans et le centre international de plongée

Entre temps, on a trouvé à l’archipel une nouvelle vocation : les loisirs. Dès les années vingt, des Concarnois et des Quimpérois viennent y passer la journée, le week-end, ou même plusieurs semaines de vacances.

En 1945, Hélène et Philippe Vianney découvrent les Glénan à l’occasion de vacances à Raguénes. Séduits par la beauté de l’archipel, ils y reviennent l’année suivante à bord de leur propre voilier. Et quand, en 47, ils fondent le Centre International de Formation c’est sur l’île du Loch qu’ils installent leur première base. A l’origine destiné à la réinsertion dans la vie civile des jeunes résistants, le CIF va donner naissance en 52 au Centre Nautique des Glénans. Entre temps, le centre a déménagé sur Penfret dont il a acheté une partie. Par la suite, les îles de Drénec, Cigogne et Bananec accueilleront également des bases. Depuis, en cinquante ans, 200 000 stagiaires sont passés aux Glénans dans les bases de l’archipel et d’ailleurs, et le célèbre “Cours des Glénans” a dépassé les 600 000 exemplaires. Basé sur l’apprentissage de la mer autant que sur celui des techniques de la voile, le CNG a donné à plusieurs générations de plaisanciers l’amour et, on peut l’espérer, le respect de la mer, des côtes et des îles.

En 1959, le GAP (Groupe Atlantique de Plongée), séduit par la pureté des eaux de l’archipel, installe une base sur Saint Nicolas, d’abord dans l’ancienne ferme, puis dans l’ancien abri de canot de sauvetage. En 1980 il prend le nom de “Centre International de Plongée Quimper-école des Glénan”. Chaque année, il délivre plusieurs centaines de brevets de plongée et plusieurs dizaines de brevets de moniteur fédéral.

 

L'origine du mot "Glénan"

L'origine du nom est un peu mystérieuse. Certains attribuent ce patronyme à Gradlon, le roi de Cornouaille. D'autres y ont localisé l'ermitage d'un saint Glenn, sans trop savoir s'il a existé. Camille de Montergeron, dans les années 50, faisait remarquer que "massives, Penfret, Le Loch, Saint Nicolas et Drénec, délimitent un enclos de mer, comme l'enceinte d'un château fort, dont au centre, Fort Cigogne serait le donjon". Et Michel Guegen, dans son  ouvrage, Le Cercle de Mer, rappelle que tous les marins de la Royale apprenaient naguère à "glenner" un cordage, c'est à dire à le disposer en rond. L'archipel doit donc son nom très certainement à ses caractéristiques physiques, permettant ainsi aux navires de les identifier plus sûrement. La toponymie faisait lieu d'instruction avant l'heure.

Les îles Glénan se distinguent des autres archipels par une curiosité orthographique que seuls les Ecréhou, petites îles situées entre Jersey et le Cotentin, partagent avec elles. Les Glénans, contrairement aux Cyclades et aux Sorlades ne prennent jamais de "s", sauf lorsqu'il s'agit de désigner le centre de voile fondé par Philippe Vianney. Faut-il y voir un clin d'oeil à l'impossibilité matérielle de dénombrer ces îles ? Dans un édition du Dictionnaire de la Bretagne écrit par Orgée en 1778, les îles de Glénan étaient au nombre de dix-huit, mais dans l'édition suivante, elles n'étaient plus que neuf. Cela doit dépendre de la marée...